La légende de Saint Pantaléon (d'après Alban Butler)
Un peu d'histoire

D'après un ouvrage du XVII° siècle, Saint Pantaléon, médecin et martyr, serait né à NICOMEDIE dans la paroisse de BITHYMIE en Asie Mineure vers la fin du III° siècle. Sa mère s'appelait EUBULE et était chrétienne, son père, EUSTORGE, était païen. Pantaléon entama des études de lettres, puis on le mit à l'école d'un médecin célèbre : EUPHORSIN. Ses études terminées, il devint le médecin attitré de l'empereur GALENE-MAXIMIEN, gendre de DIODETIEN. Jusqu'alors Pantaléon avait professé le christianisme, mais il y renonça par la tentation due au mauvais exemple qu'il avait en vivant au milieu d'une cour idolâtre et corrompue, ou les fausses maximes du mode étaient applaudies, il s'y accoutuma et les goûta peu à peu. Il en devint lui même approbateur, en fit sa règle de conduite et finit par renoncer à la religion chrétienne.
Par bonheur, un vénérable vieillard, chrétien très zélé, nommé HERMOLAÜS (qui deviendra également Saint) s'intéresse à lui. Touché par son malheur, voyant que Pantaléon était jeune d'esprit et médecin fort pensé, commença à travailler à sa conversion. D'abord, s'insinuant dans son affection, il lui dit que "s'il voulait" se rendre plus capable encore, qu'HIPPOCRATE et GALIEN, et plus savant qu'ESCULAPE, il n'aurait qu'à croire en Jésus-Christ; et en y croyant très fermement et sans réserve il guérirait... toutes sortes de maladies !
Il exhorta pour cela, à entrer dans le sein de l'Église. Cela piqua l'esprit de Pantaléon, qui voulut en même temps savoir si ce que lui avait dit HERMOLAÜS était vrai.
Or, rencontrant un enfant mort et auprès de son corps, une vipère, il dit en lui même: "je verrai bien si ce bon vieillard a dit vrai !". Alors s'approchant de l'enfant il lui adressa, à haute et intelligible voix, ces paroles : "Au nom de Jésus-Christ, je te commande de te lever et de marcher !". Se tournant vers la vipère, il ajouta : "Meurs, misérable animal, meurs en raison de ce qu'a fait mourir cet enfant !".
A peine eut-il prononcé ces mots, qu'il vit l'enfant ressuscité et la vipère morte ! Se prosternant, à genoux, il remercia et loua le Seigneur... A la suite de ces deux miracles Pantaléon quitta l'idolâtrie et se fit Chrétien. HERMOLAÜS très satisfait de l'avoir fait, à nouveau rentrer dans le sein de l'Église le baptisa et Pantaléon baptisa son père.
Les médecins, voyant la vogue qu'il avait par ce double miracle et par bien d'autres encore, le dénoncèrent à l'empereur MAXIMIN. Il le fit appeler et voulut essayer qui des deux, Pantaléon ou les prêtres païens, guérirait en sa présence un paralytique grabataire. Ceux-ci, ayant prié longuement sur le malade n'obtinrent aucun résultat. Mais, Pantaléon,, aussitôt qu'il eut fini de prier, le guérit. Dès que Pantaléon revint chez lui, l'Empereur le fit arrêter et ordonna son supplice.

Après l'avoir ligoté à un poteau, il lui fit déchirer la peau avec des ongles de fer, brûler les côtes avec des torches ardentes et le fit jeter dans un chaudron de plomb fondu.... mais le plomb devint froid ! Il fut alors décidé de le jeter à la mer, mais la mer le rendit. On l'exposa aux bêtes féroces mais celles-ci s'humilièrent à ses pieds. On l'attacha à une énorme roue munie de pointes d'acier pour être précipité du haut de la montagne et Dieu le détacha ! Enfin, il le fit fouetter très cruellement et ordonna que la tête lui soit tranchée. Mais l'épée devint si molle que le bourreau ne put s'exécuter. Alors encourageant le bourreau, il lui demanda de faire son office et Pantaléon fut décapité. Cela se passait en l'an 311.

Les Grecs mettent Saint Pantaléon au nombre des grands martyrs. Les reliques de Saint Pantaléon reposent pour partie à Constantinople et pour partie à Saint Denis près de Paris. Le chef du saint est honoré dans l'église primatiale de Lyon, où il fut apporté au X° siècle. Les médecins honorent saint Pantaléon comme leur saint patron après Saint Luc, évangéliste. Les Saints médecins sont au nombre de 45 avec en tête Saint Médicus.

Fête le 27 juillet.


L'origine du mot "pantalon"

Le mot pantalon vient du nom du Saint martyr Pantaléon ( en langue italienne, Saint Pantaléon se dit Santo Pantaléone et signifierait: Saint tout Miséricordieux. A cause de leur fervente dévotion à ce Saint, les habitants de Venise étaient surnommés "Pantalon". Ils portaient couramment une longue culotte collante. Comme les vénitiens étaient désignés, déjà dans la haute Italie, par le sobriquet de "Pantaloni", ce nom passa à leurs culottes.
En France, vers le XVI° siècle, on réduisit l'étoffe du haut de chausse de plus de moitié. Ayant reçu en longueur le tison qu'on leur avait enlevé en largeur, elles descendirent jusqu'à mi-mollet où elles rencontraient le revers de bottes. Ce nouveau vêtement, à la mode, ressembla alors au "
pantalon de Venise". Ce sont les personnages de la comédie de Venise et d'Italie qui firent connaître, en France, le pantalon. Au cours de représentations théâtrales données à Paris par des Italiens, un personnage principal se nommait "Pantalon". Ce personnage bouffon, vêtu du pantalon, fut aussitôt connu du tout Paris.
Pendant le carnaval de 1585, Henri III, Roi de France, courut les rues de la capitale déguisé en
pantalon vénitien. Il Il ne se fit pas faute de battre les passants et de faire tomber les chaperons des jolies femmes dans la boue ! Les moeurs de ce temps : déguisements, mascarades, travestissements comportaient ces "polissonneries". Après lui, il n'est aucun personnage de la cour qui n'ait dansé en pantalon.
Richelieu, lui même, fit un jour cette folie de danser la sarabande devant Anne d'Autriche, vêtu d'un
pantalon de velours vert avec des sonnettes d'argent à ses jarretières ! Mais le pantalon demeurait un article de fantaisie, de déguisement, de fête, noces et banquets. Quelques tentatives eurent lieu pour le faire descendre dans la rue mais elles ne réussirent pas, car on ne pouvait renoncer aux bottes.

La pantalon ne devint vraiment courant que vers la fin du XVII° siècle. En 1684, les matelots de la Marine Royale portèrent, les premiers la veste et le pantalon: ce dernier, boutonné après la veste. Aux approches de la révolution de 1789, les ouvriers des villes adoptèrent le même costume; appelant leur veste, la carmagnole. L'origine de ce dernier nom est inconnue mais ce vêtement fut vulgarisé dans le sud de la France par des ouvriers Piémontais. Des fédérés Marseillais l'importèrent à Paris et la carmagnole fut adoptée par les révolutionnaires. C'est alors que l'habillement "veste-pantalon" donna naissance à l'épithète de "sans-culotte". C'était un terme injurieux dans la bouche de ceux qui s'en servirent les premiers, mais les révolutionnaires l'accueillirent comme un titre honorifique.